Alors qu’un décret visant à prévenir les conflits d’intérêts empêche désormais l’ensemble des ministres du gouvernement d’Elisabeth Borne de s’occuper des sujets liés à la transition écologique, l’exécutif s’affaire pour soutenir la consommation à l’occasion du Black Friday.

« Il ne faut pas politiser les fêtes commerciales », estime le Président Emmanuel Macron, qui a par ailleurs annoncé que l’intégralité des recettes publicitaires de sa dernière vidéo Youtube, dans laquelle il se livre à un concours d’anecdotes sur les mesures écologiques adoptées durant son quinquennat, seront reversées à une association de défense du greenwashing ou à un think-tank.

Lui emboitant le pas, le ministre des économies Bruno Lemaire a annoncé une prolongation exceptionnelle de la ristourne sur le carburant afin d’aider les Français à se rendre dans les zones commerciales situées en périphérie des villes. « J’encourage les Français à épuiser leur crédit carbone avant la fin de l’année fiscale », a ajouté Bruno Lemaire : « Ce qui n’est pas dépensé sera définitivement perdu ! ». Goguenard, Emmanuel Macron invite les Français à profiter de leur sortie shopping pour se rendre chez McDonald’s, qui abandonne progressivement les emballages jetables en carton au profit d’une innovation révolutionnaire : la vaisselle.

« Ceux qui aiment rouler ET se faire rouler peuvent bien sûr utiliser la bicyclette pour aller éco-surconsommer dans les boutiques des centres villes à l’occasion du Black Friday et de la Cyber Week », précise Clément Beaune le ministre des transports. Enfin, les Français résolus à ne rien acheter en novembre au motif qu’ils ont déjà tout pourront tout de même s’engager pour soutenir la croissance du PIB en faisant un don à l’entreprise de leur choix, sans aucune contrepartie. Un don défiscalisable à hauteur de 60 % : « Donner de l’argent aux entreprises sans rien exiger en retour, c’est un peu ce que fait déjà le Gouvernement avec la pérennisation du CICE ou le crédit impôt-recherche », a sobrement commenté Agnès Pannier-Runacher, ministre en transition vers le secteur privé.

Seul Christophe Béchu, qu’on surnomme le ministre « en mode avion » tant il paraît déconnecté des enjeux écologiques dont il a pourtant la charge, semble un peu sceptique devant l’enthousiasme de ses collègues. « Ce qui m’inquiète vraiment, c’est le retour des mathématiques dès la classe de Première : imaginez un peu le chaos si chaque Français était en mesure de calculer précisément l’écart entre le discours et les actes du gouvernement en matière d’écologie… ». En signe de protestation, Christophe Béchu s’est collé les mains à la glue sur la table du Conseil des ministres. En vain, celle-ci était recouverte d’une nappe. « Je ne vais quand même pas jeter de la soupe sur le portrait du Président pour me faire entendre », déplore le ministre déchu.

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